Surnommée l'Athènes de l'Afrique, elle se dotait il y a plus de mille ans de la première université au monde...
Fès se situe au coeur d'une pleine fertile : la plaine du saïss, au débouché des montagnes de l'Atlas. Tandis que les romains y établissent la capitale de la province à Volubilis, un site qui n'a pas encore révélé tous ses secrets et qui rivalise amplement avec les ruines d'Ephèse en Turquie, la cité est choisie comme capitale par deux dynasties : Idrissides et Mérinides. Ils la couvrent de palais, de mosquées et de médersas. On l'a aussi surnommée la Florence et l'Athènes de l'Afrique parce qu'avec la Karaouiyine, elle a vu naître la prmière université au monde.
Fès : Une ville historique

La légende dit que le nom de Fès vient de la pioche (fas, en arabe) utilisée alors pour tracer le pourtour de la cité. En 818, Fès est un refuge pour les musulmans de Cordoue, rescapés de la révolte des faubourgs, ils s'installent sur ce qui s'appelle aujourd'hui la rive andalouse de l'oued Fès. En 824, les Arabes de Kairouan (Tunisie) jettent leur dévolu sur la ville haute. Ces communautés héritières de civilisation famboyantes rêvent d'un nouveau départ. Fès devient un creuset où s'invente l'avenir.
Le symbole en sera la fameuse Karaouiyine, financée par les les Cairouanais. Cette construction, modeste à l'origine, connaît un développement prodigieux. A la fois mosquée et universitée, elle accueille parmi ses étudiants le futur pape Sylvestre II ainsi que le philosophe juif Maimonide.
Fondée en 859, elle va continuer à symboliser l'esprit de Fès, l'ouverture et la tolèrance.
Fès connait son âge d'or sous les Mérinides (1269-1465), qui en font leur nouvelle capitale. Le sultan Abou Youssef édifie une ville nouvelle, Fès El-jédid. Ce sont les plus grands constructeurs de médersas, une dizaine dont la plupartont vu le jour entre 1300 et 1350. Le sultan Abou Inan dote la Karaouiyine de sa première bibliothèque, en lui faisant don d'ouvrages rarissimes pris dans son propre palais.
Qui peut s'imaginer la splendeur et l'opulence de la Fès Mérinide ? Plaque tournante d'un commerce international, ses foundouks (hotels) accueillent les caravanes venues de Chine ou de Perse. Capitale intellectuelle de tout le monde musulman, on y croise l'historien Ibnou Khaldoun, considéré comme le fondateur de la sociologie ou encore le géographe Léon l'Africain.
Si Fès devait conserver son rayonnement intellectuel, spirituel ou culturel elle doit se résigner vite à partager le pouvoir politique. Les Saadiens lui préfèrent Marrakech. Moulay Ismaël crée même à ses portes une nouvelle cité impériale, Meknès. En 1912, Rabat la supplante cette fois définitivement.
Fès : Visite guidée
La promenade en voiture autour de l'enceinte protégeant Fès El-Bali de Fès El-Jédid permet d'admirer les jeux de lumière qui caressent la pierre ocre des remparts et font miroiter les toiles de huiles vertes.
Fès, la sultane
Fès la nouvelle, plus communément appelée Fès El-Jédid ou encore la nouvelle cité Mérinide, est crée en 1276 par le sultan Abou Youssef. Ce quartier abrite au XIVeme siècle le mellah (quartier juif), reconnaissable à ses maisons aux fenêtres et balcons ouvragés.
Le quartier juif du mellah a conservé son cimetière, ses synagogues et notamment la synagogue Danan. Sur votre gauche, la Place des Alaouites, vaste esplanade amènagèes en 1968, offre une vue impressionnante sur les portes du Palais Royal dont les ventaux de bronze brillent comme de l'or et dèfendent son accès. Sa construction a commencé au XIIIeme siècle.
En 1582, le sultan Saadian Ahmed El Mansour, soucieux de consolider son pouvoir au lendemain de la Bataille des Trois Rois contre les Portugais, élève deux bastions : le Borj Sud et le Borj Nord. Du pied des fortifications, on découvre un superbe panorama sur la ville. Le Borj Nord accueille aujourd'hui un musée consacré à l'architecture militaire où vous pourrez découvrir de trés belles collections composées d'armes de guerre, de poignards ciselés, ou encore le canon de douze tonnes qui aurait participé à la Bataille des Trois Rois. Tout près, la route s'élève dans les collines parsemées d'oliviers jusqu'aux tombeaux Mérinides datant du XIVeme siècle. De ces ruines grandioses, la vue s'étend sur la ville entière.
A Aïn-Nabki sont installés les potiers qui travaillent de l'argile grise extraite des carrières de Fès. Des visites d'ateliers sont organisées où vous verrez fonctionner les fours qui utilisent des noyaux d'olives concassés pour combustibles. Vous découvrirez aussi comment ces artisans assemblent les fameux zelliges dont eux seuls ont le secret et le savoir faire. En traversant des quartiers périphériques, vous vous rapprochez des remparts à la hauteur du Palais Jamaï.
Construit au XIXeme siècle, le palais fut la demeure de deux ministres du sultan Moulay Hassan avant d'être converti en hôtel en 1930. On le découvre en pénétrant dans la médina par Bab Jamaï.
Fès, la sensorielle

Plus au coeur de la Médina l'itinéraire combine la visite des principaux monuments avec une flânerie dans les souks les plus intéressants de la ville. Dans la rue Sebbaghine vous trouverez le souk où sont teints les écheveaux de laine vierge, de soie et de coton. Sur les pavés de la ruelle étroite ruisselle une eau multicolore. Gare aux éclaboussures ! En tournant à gauche, vous entrez dans le fief des dinandiers et des chaudronniers (spécialistes des cuivres jaune et rouge).
Au pied des arbres qui dispensent une ombre agréable s'entassent chaudrons et bassines. Tout autour, dans les ateliers sombres, se déchaînes un vrai concert pour marteaux et burins.
La rue Mechatine, quant à elle, conduit au quartier des Sebbarines où de nombreux tanneurs s'activent pieds nus dans des cuves énormes, traitant ainsi peaux et cuirs.
Les maroquiniers se chargent de transformer en babouches, sacs ou vêtement les cuirs teints. Autant d'objets proposés à la vente. Sur la place Chemaïne où se vendent cierges, fruits secs et encens, vous entrez dans le périmetre sacré de la zaouia de Moulay Idriss.
Toutes les ruelles attenantes sont barrées par une poutre sous laquelle on ne passe qu'en se baissant. Une foule se presse à l'intérieur de ces limites pour attirer sur elles la baraka du Saint homme de la ville. Cette ferveur s'intensifie lors du moussem en septembre. Rénové, le souk du henné offre un visage tout pimpant. On y trouve le henné dont les feuilles ont été réduites en poudre, mais aussi le ghassoul, cette argile de l'Atlas qui nous est cher, le saboun beldi (savon noir), le khôl et de plus en plus de poterie. Les boutiques de la place Nejjarine vendent cierges et nougatines.
La fontaine Nejjarine datant du XIXeme siècle est l'une des plus belles de la Mèdina. Derrière l'impressionnante porte en cèdre du foundouk Nejjarine se trouve un musée des Arts et Métiers du bois. On y trouve une belle collection de meubles peints et sculptés. Son petit café perché sur la terasse offre une vue impressionnante sur la Médina. Le uartier, comme imprégné par l'odeur
agréable du cèdre, a conservé ses menuisiers. La visite du musée Belghazi est incontournable, une impressionnante collection de bijoux et d'ouvrages de broderies traditionnelles est exposée.
Fès, la spirituelle

La Médersa Seffarine, doyenne des médersas de Fès, ne se visite pas. Fondée en 1270, elle accueilit le mystique Al Jazouli et forme encore aujourd'hui des imams.
La Médersa Es Sahrij (1321/1323) doit son nom au bassin central qui orne sa cour intérieure. Elle a été élevée comme tant d'autres médersas par le sultan Mérinide Abou El Hassan.
La Mosquée Karaouiyine est fondée par Fatima El Fihria en 859. Son nom vient du quartier où elle est érigée. Elle devient la première université du pays et accueille des hôtes célèbres tels l'historien Ibn Khaldoun, le poète et écrivain Ibn Al Khatib, le médecin philosophe Averroès, Léon l'Affricain...
Dés sa construction, la Mosquée Karaouiyine est devenue le coeur de la cité. Tout autour, les commercants se sont regroupés par spécialité.
La Mosquée des Andaous, simple oratoire construit en 860 par Meriem El Fihria, a été agrandie et embellie par les sultans Almohades et Mérinides. Son principal attrait est sa grande porte ornée de zelliges et bois sculpté.
La Médersa Mesbahia (1347) doit son nom au premier savant qui y enseignera : Mesbah Al Yasiouti. En raison d'une restauration imminente, cette médersa est actuellement fermée au public.
La Médersa Cherratine (1670) a été bâtie par le premier roi alaouite, Moulay Rachid. Son style est plus sobre que celui des Mérinide
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